Stupéfaction gourmande façon Aveyron chez Pascade

lauranguyen21
9 déc. 2016
2 min de lecture

Après avoir longé les joailleries lumineuses et décorées pour Noël sur la rue de la Paix, je tourne sur la rue Daunou sans soupçonner un instant ce qui m'attend. Tandis que la devanture épurée présage une cantine on ne peut plus classique, le bouton pour ouvrir les portes de l'entrée nous alerte sur le non-conformisme des lieux. La salle est bondée et les réservations sont fortement recommandées.

Les tables de bois ont l'air simples mais sont en réalité bien pensées: des orifices accueillent malicieusement des boîtes porte-couverts qui se glissent et se retirent pour le plus grand confort des convives et des serveurs.

Mais après s'être attardée sur la décoration, je me suis surtout enthousiasmée devant la carte, simple mais efficace. Avec des plats basés sur "une grosse crêpe soufflée légèrement caramélisée garnie", le dépaysement est nécessairement attendu, avec la crainte excitante ou l'excitation craintive de prendre des risques. Aussi, pour garder le suspense jusqu'au bout, allons-nous prendre le menu du soir.

Commençons avec la succulente entrée, velouté de poireaux, crème fraîche et magret de canard fumé. Une douceur chaude, parfaite pour ce temps hivernal et glacé. Haute en couleurs de surcroît.

Vient ensuite LE plat tant attendu. L'expectative ayant irrésistiblement stimulé nos papilles, c'est avec un enchantement salvateur que nous prenons notre première bouchée. Quel mélange de saveurs! A la fois sucré et salé, l'ensemble est d'une harmonie parfaite. Deux déclinaisons de Pascade sont proposées au choix: celle aux "Brocolis con carne" et celle au "Saumon Mariné". Des noms simples, modestes voire humbles. Mais surtout trompeurs! Ils cachent la présence de brocolis, d'azuki ou d'avocat, en passant par un risotto aux bulbes de fenouil ou de la ricotta. Un délice succulent, exquis, puissant. Servi avec une salade divinement assaisonnée.

Le meilleur pour la fin, disent certains. Et bien leur en a pris. L'arrivée des desserts est un final époustouflant, terminant une dégustation riche en frissons. A la fois sur le fond et sur la forme, le chef Alexandre Bourdas réussit à conjuguer subtilité et explosion, douceur fruitée et volupté chocolatée. Une surprise qui nous offre le ravissement d'une découverte qui change le monde, et l'extase d'un plaisir presque interdit tant il semble nouveau. L'orgasme culinaire contemporain dans toute sa splendeur. Attendre la prochaine dégustation est d'une insoutenable douleur.

Restaurant à classer parmi les meilleurs.